Cow-t 13 – Quinta settimana – M4
Prompt: Corsa contro il tempo
Numero Parole: 2963
Fandom: Bungo Stray Dogs
Note: Missing Moment di una Saison En Enfer
Il y avait beaucoup de choses dans ce monde qui allaient à l’encontre de toute logique, raison ou prévision. La créature qui criait dans la pièce voisine en était la preuve vivante. Arthur Rimbaud n’aurait jamais pensé que ça finirait comme ça, personne ne le pourrait. Sa seule faute était de tomber amoureux. Encore. Pour ce sentiment il avait quitté les Poètes et la France en fuyant en Angleterre peu après le déclenchement de ce conflit qui allait changer pour toujours les vies de tous. Un autre cri déchira l’air, suivi de jurons en plusieurs langues. Le brun serra les poings jusqu’à ce qu’il se fasse blanchir les jointures, étouffant un blasphème entre les lèvres.
Personne ne connaissait la vraie nature du sujet appelé Black No. 12, seul son créateur, que l’être artificiel avait massacré de ses propres mains près de quatre ans auparavant. Arthur s’était occupé de lui, c’était sa mission après tout. Il lui avait donné un nom, son nom. Il l’avait entraîné, essayant désespérément de le rendre humain. Rimbaud n’avait pas prévu de tomber amoureux de ce monstre angélique et encore moins d’être aimé en retour. Le poète lui avait appris à aimer, ou au moins l’ancien espion aimait à le penser.
Un autre cri interrompit le flot des pensées d’Arthur. Il fit pour se lever de sa chaise quand, de l’autre côté de la pièce, il vit Alexandre Dumas secouer la tête;
"Reste ici" lui dit-il,
"Paul a besoin de moi" se sentit obligé de répliquer,
"Considérant qu’il est dans cette situation à cause de toi"
"Lex, je t’en prie"
"Je le fais pour nous tous, mais aussi pour le sien. Te voir pourrait lui faire perdre le peu de raison qui lui reste. Je préfère ne pas risquer ma vie ou nous trouver."
Rimbaud acquiesça vaincu. Chaque mot prononcé par cet homme était stylisé sur la poitrine. Alexandre Dumas avait raison. Comme toujours.
Le rencontrer à Londres avait été une agréable surprise inattendue. Une partie d’Arthur a toujours suspecté que l’ancien espion avait survécu à l’accident qui l’a impliqué. Dumas n’avait pas changé, il était exactement comme le maure le rappelait dans ses fantasmes d’adolescence.
***
Cinq mois avant
"Victor sait que tu es vivant?" C’était la première question qu’Arthur avait posée à l’ancien Transcendantal, en sirotant un thé dans les salons des services secrets anglais. Alexandre Dumas était la dernière personne qu’il s’attendait à rencontrer à Londres.
L’homme avait baissé les yeux en prenant le temps avant de formuler une réponse,
"Non, et avant que tu me le demandes, je ne vais pas lui dire."
"Mais pourquoi?"
"Il ne veut pas le mettre en danger" Verlaine s’était immiscé dans cette conversation, faisant tourner les deux espions vers lui.
"Paul" l’avertit mais Dumas esquissa un sourire accompagné d’un signe de la main,
"Ne vous inquiétez pas, votre ami a raison, Arthur. Victor a une guerre à mener et à gagner"
"Je ne comprends toujours pas" l’homme n’a pas arrêté une seconde de sourire, jouant distraitement avec la tasse qu’il tenait encore dans ses mains
"Mais je pense que tu as compris depuis longtemps quel sentiment tu me lies à ce crétin arrogant" à ces mots Rimbaud se trouva en train de rougir pour ensuite se tourner inconsciemment vers Verlaine,
"Puis-je savoir pourquoi vous avez fui Arthur?"
"Pour moi" encore une fois le blond était intervenu, en lui volant les mots de la bouche. Dumas cependant n’en sembla pas troublé, ni surpris.
"J’imaginais. Tu ressembles vraiment à Victor. Tu te souviens de la règle : un espion ne doit pas avoir de liens ou de sentiments? Je pense qu’il l’a créé à cause de moi"
"Pourquoi tu es parti?”
"J’aurais été sa seule faiblesse. Déjà une fois, mon existence l’a mis en danger et a ébranlé ses convictions. Maintenant, avec une guerre à mener, je ne serais qu’un obstacle."
"Mais si tu l’aimes"
"Parfois, cela ne suffit pas. L’amour est ce sentiment qui se nourrit de confort et s’amplifie à travers la corruption. Vous devriez le savoir aussi", conclut-il.
"Victor a une guerre à gagner. Il se prépare à cette bataille depuis des années et je ne le gênerai en aucune façon"
"Tu t’es enfui en Angleterre et tu as demandé de l’aide à la Tour de l’Horloge", lui fit remarquer Verlaine
"Vous avez fait la même chose"
"Dame Agatha Christie est une vieille connaissance de moi" expliqua Arthur. Il n’avait tout simplement pas d’autres amis sur qui compter.
"Les Poètes vous ont demandé de faire quelque chose que vous ne pensiez pas juste? Vous avez toujours eu une âme rebelle depuis votre enfance"
"J’aurais dû partir pour le front allemand" commença à expliquer Rimbaud.
"Je ne pouvais pas le suivre" Dumas croisa le regard de Verlaine à nouveau intervenu dans la conversation.
"J’ai tellement entendu parler de toi, Black. Ils te considéraient comme une arme, un monstre porteur de mort et de destruction, mais tu es plus comme un être humain que je ne le suis."
"Comment tu le sais?"
"Allez, Arthur, j’étais le numéro deux des services secrets français. La tour de l’horloge a beaucoup d’informations sur ton Paul. Ils savent tout. Du jour où vous l’avez trouvé à chaque mission que vous avez accomplie ensemble. Je ne m’attendais pas à ce que vous ayez une relation mais..."
"Relation?" pour la première fois le blond parut tellement surpris de se tourner pour chercher dans le regard d’Arthur une réponse ou une clarification,
"N’avez-vous pas fui pour cela?" demanda Dumas en se grattant la tête.
"C’est compliqué" concéda Rimbaud avant d’ajouter "je ne pouvais pas laisser Paul seul à Paris"
La nuit de passion qu’ils avaient passée peu après cette décision ne suffisait pas à définir leur relation. Arthur aurait fait n’importe quoi pour son partenaire, même aller en enfer. Mais Paul était esclave de ses convictions, il continuait à se définir lui-même comme une arme sans se rendre compte à quel point il était devenu semblable à un être humain. Rimbaud avait tenté de le rassurer, en l’aimant comme il ne l’avait jamais fait avec personne. Même avec Charles, il n’avait pas ressenti un tel sentiment. Il se souvenait du visage de Paul bouleversé par le plaisir, tandis que la lumière de la lune illuminait ses contours parfaits. Ses yeux de glace entourés de larmes. C’était l’être le plus beau qu’il ait jamais vu, fort mais en même temps si fragile. Comme un cristal dans ses mains. Pour Arthur, il n’avait jamais été un monstre. Rimbaud aurait fait tout son possible pour le protéger, il n’aurait pas fait la même erreur deux fois.
Le lendemain matin, ils étaient partis pour Londres. Verlaine n’avait plus parlé de cette nuit-là. Ils n’avaient pas eu le temps. Il y avait eu des baisers mais peu d’autres. Rimbaud n’aurait pas forcé le partenaire en aucune façon, au contraire, il vivait dans la crainte constante que pour le blond cette nuit-là ne soit qu’une erreur. Le son de la voix de Dumas le ramena à la réalité,
"Désolé, je pensais que vous couchiez ensemble, erreur."
"Mais nous y sommes allés" la réponse franche et sincère de Paul nous a fait mal au thé.
"Comme je l’ai dit, c’est compliqué", Arthur a essayé de sauver ce qui pouvait l’être.
"Vous êtes hilarant. Ne vous inquiétez pas ici, vous serez en sécurité. Victor soupçonnera sûrement quelque chose mais la guerre le tiendra occupé pendant un moment"
Ils partirent quand Dumas s’approcha de Rimbaud, lui chuchotant à l’oreille,
"Tu es exactement comme Victor, tu ferais n’importe quoi pour sauver ceux que tu aimes, mais attention Arthur, tu as choisi un chemin compliqué"
"J’ai déjà perdu quelqu’un d’important. Je ne ferai pas la même erreur deux fois."
***
Un mois après
"C’est impossible. Je suis un monstre, un être artificiel. Je n’ai pas d’âme" Paul a pris le visage des deux mains en courant nerveusement d’avant en arrière pour le petit appartement qu’il partageait avec son partenaire.
Rimbaud n’était pas en meilleur état. Il s’asseyait sur son lit, observant ces deux lignes qui montraient une vérité, aussi absurde soit-elle.
"Paul" était tout ce qu’il a dit après plusieurs minutes, levant la tête pour rencontrer le regard effrayé du compagnon. Il ne l’avait jamais vu comme ça.
"Tout ira bien" essaya de le rassurer. Dommage qu’il n’y croie pas. Verlaine était sa priorité à ce moment-là. Il devait le calmer avant de commettre une folie.
"Facile à dire. Vous n’avez pas un parasite qui pousse dans votre corps. Je le sens bouger, c’est dégoûtant. Je suis dégoûtant" Arthur a perdu un battement de cœur.
"Bouger, déjà?" n’était pas un expert mais il était peut-être trop tôt pour ressentir un mouvement. Verlaine courut vers lui, prenant une main et la portant au ventre.
"Depuis que j’ai fait ce test, il n’a jamais cessé" a-t-il conclu. Arthur n’a pas parlé pendant plusieurs minutes. Il l’a entendu. Il y avait vraiment quelque chose en lui. Une vie qu’il avait aidé à créer.
"Nous l’avons fait avant de partir pour Londres. Quatre ou cinq mois se sont écoulés depuis", les paroles prononcées par Paul ont servi à le ramener à la réalité.
"Ça me semble tellement absurde"
"Ça te semble fou."
"Désolé, Paul, je ne voulais pas."
"OK, comment on s’en débarrasse?" Cette question l’a complètement pris au dépourvu.
"Je pense qu’il est trop tard pour cette option"
"Alors?"
"Je dois en parler à Dumas. Si la Tour de l’Horloge ou pire si les Poètes l’apprennent..."
"Qu’est-ce que tu m’as mis enceinte ? Bien sûr que le Faune avait pensé à tout. Non seulement il a créé un monstre artificiel capable de posséder une Capacité, mais il lui a aussi permis de se reproduire."
"Paul"
"Je veux m’en débarrasser. Au plus vite"
"Tu plaisantes, j’espère ? C’est un enfant. Notre fils" Verlaine lui jeta un regard meurtrier. Elle avait du mal à le reconnaître.
"Nous ne savons pas si cet être est vraiment un enfant, il pourrait même s’avérer être un monstre comme moi" Rimbaud l’a embrassé. Il ne l’a pas fait depuis cette nuit à Paris, quand ils avaient inconsciemment conçu cette petite chose qui bouleversait leurs vies.
"Même si c’était le cas, je l’aimerais comme je t’aime"
"Je ne suis pas humain. Je suis horrible" Arthur sourit en revenant poser sa main sur son ventre,
"Tu es beau et tu me donnes la plus grande des joies"
"Je ne pensais pas que tu voulais des enfants."
"Un espion ne peut pas avoir de liens, avoir des sentiments. Je ne m’étais jamais posé le problème"
"Pensez-vous que dans une note du Fauno il y a écrit de cette capacité?"
"Je ne laisserai personne te faire du mal"
"On ne pourra pas cacher ça longtemps"
"Nous trouverons un moyen" Verlaine a pris une longue respiration, avant de laisser la tête contre l’épaule de son partenaire.
"Je pense que je n’ai pas le choix" a conclu en regardant le ciel gris à l’extérieur de la fenêtre
***
Present
Après l’étonnement initial, Alexandre Dumas se révéla une aide précieuse. La grossesse de Verlaine s’était déroulée en un clin d’œil, parallèlement à la guerre qui déchirait le continent européen. À Rimbaud, on aurait dit une course contre la montre. D’une part, la préoccupation pour la santé de son partenaire et de l’enfant, qui avaient découvert être un homme, d’autre part, l’escalade militaire.
Londres n’était plus un endroit sûr, mais s’enfuir était hors de question.
C’était l’une de ces rares et magnifiques journées d’hiver où l’Angleterre se souvenait elle aussi qu’il y avait du soleil ou, comme Dumas l’avait appelée, du soleil. Au début du mois de mars a commencé ce qui serait plus tard appelé le siège de Londres. La capitale anglaise se trouva isolée du reste de la nation. Personne ne pouvait y entrer ou en sortir. C’était un autre coup sur l’échiquier international. Le conflit s’était étendu jusqu’au Japon, ce n’était plus une affaire européenne mais mondiale. C’était la première guerre au cours de laquelle des individus dotés de capacités spéciales entraient en jeu, ce qui ne faisait que contribuer à rendre l’issue incertaine.
La première pensée de Rimbaud aurait été de fuir à la campagne. Une utopie. Verlaine ne pouvait pas voyager sur de longues distances supplémentaires la date de l’accouchement approchait.
Il se sentait impuissant. Il avait mis sa famille en danger. Londres s’était transformée en un piège doré.
"Arrête de te voiler la face" Dumas a toujours été là pour te soutenir.
"Je sais que j’ai dit tout à l’heure que cette situation est de ta faute. C’est en partie vrai, mais je ne peux pas te blâmer. Tu ne pouvais pas savoir de sa capacité"
"Tu crois que ça va aller? Il crie depuis trois heures."
C’était un autre événement inattendu. Il restait encore un mois avant la date prévue pour l’accouchement, mais leur bébé semblait pressé de naître. Au milieu de la nuit, Verlaine s’était mis à crier en proie à de fortes douleurs. Pas même le temps d’avertir Dumas que les eaux s’étaient brisées en accélérant le temps. Parallèlement, les sirènes avaient alerté la capitale anglaise de l’attaque ennemie imminente.
"Ce sera une longue nuit pour Londres mais aussi pour Paul"
"J’ai peur et je me sens impuissant", avoua Rimbaud
"Je voudrais juste être à ses côtés" Dumas sourit en lui décoiffant les cheveux.
"J’ai une autre mission importante pour toi. Tu vas utiliser ta capacité pour protéger ce bâtiment. Il y aura bientôt une frappe aérienne. Si je me souviens bien, tu peux créer un subespace et le contrôler."
"C’était ton plan depuis le début"
"Bien sûr, même si je pense vraiment que Paul ne veut pas de toi. Il n’a tué personne depuis des mois et je ne veux pas prendre de risques inutiles"
"Je ne sais pas comment te remercier, Lex"
"Bien sûr. Tu as toujours été un petit frère pour Victor, le fils qu’il n’a jamais eu. Voir comment tu t’es rebellé contre ses règles était amusant. Mais maintenant tu te bats pour ta famille."
"Merci"
***
Charles Alexandre Marie Rimbaud Verlaine est né à l’aube du 29 avril.
L’attaque aérienne qui avait détruit la moitié de la ville s’était terminée il y a quelques heures quand finalement Arthur Rimbaud put courir au chevet de son compagnon.
"C’est parfait" furent les premiers mots qu’il prononça en observant le visage rose et dodu de l’enfant.
"On a l’apparence d’un être humain" fut la réponse apathique du blond enveloppé dans les couvertures. Verlaine ne l’avait pas encore pris dans ses bras et ne semblait pas prêt à le faire.
"Il te ressemble" murmura Arthur en traçant d’un doigt le profil de son fils.
"Félicitations, vous avez deux monstres à gérer."
"Paul"
"Je suis fatigué, je n’ai pas dormi. Maintenant je veux dormir" Rimbaud ne dit rien. Il craignait quelque chose comme ça. Faire face à une grossesse n’avait pas été facile pour Verlaine. Le premier instinct de son partenaire aurait été de se débarrasser de l’enfant, s’il ne l’avait pas fait, c’était seulement parce qu’il serait trop tard. Il a mieux mis le bébé dans ses bras avant de sortir de cette chambre.
Dumas l’attendait dans le couloir.
"Lex, voici Charles", a-t-il dit fièrement en lui montrant le bébé.
"Charles hein? Il lui ressemble"
"J’ai pensé la même chose. Charles Alexandre Marie. Il porte comme deuxième prénom celui de l’homme qui a permis sa naissance"
"Arthur n’aurait pas dû, qu’en pense Paul?"
"Il s’en fiche. Il se repose. Il ne l’a même pas regardé."
"Ce ne sera que la fatigue, demain ce sera mieux"
"Je ne crois pas" à ce moment-là le petit a commencé à s’agiter et à crier dans les bras du nouveau parent.
"Je pense qu’il a faim, on doit trouver une nourrice." Dumas hocha la tête.
Une semaine après le siège de Londres, il prit fin. Paul Verlaine profita de ces journées chaotiques pour fuir à Paris.