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Cow-t 13 – Seconda settimana – M2

 

Prompt:  Pioggia

Numero Parole: 1170

Fandom: Bungou Stray Dogs

Note: Verlaine fa visita alla tomba di Rimbaud




Depuis qu’il est arrivé au Japon, il pleut tout le temps. C’était la première pensée qui avait accompagné le Roi des Assassins ce matin-là, quand à son réveil, Yokohama était encore secouée par des vents de tempête. Il sourit à l’ironie de cette situation et de ses propres pensées, se souvenant de sa propre Capacité. Les premières gouttes de cette légère pluie se brisaient contre les vitres du petit appartement qu’il avait loué, non loin de la zone du port. Verlaine se trouva à les observer comme kidnappé. Ce climat lui rappelait tant Londres et la grisaille des journées d’automne, mais aussi le temps passé avec Paul, dans la capitale française, qui était toujours magnifique en toute saison. 


La veille, l’être artificiel connu sous le nom de Paul Verlaine s’était infiltré dans le siège de Port Mafia et avait volé le rapport sur la récente disparition de son compagnon. Pendant qu’il était en Europe, il avait reçu des nouvelles confuses et contradictoires sur ce qui s’était passé. 


Il avait découvert quelques années après leur dispute, comment Arthur avait également survécu à l’accident de Suribachi et à la dévastation causée par la bête en lui. Son partenaire était d’ailleurs le meilleur des Poètes Maudits. Le premier instinct de Verlaine était de revenir, de le confronter et de s’excuser de la façon dont leur relation s’était interrompue. Une fois arrivé à Yokohama, cependant, la découverte, Arthur Rimbaud ne se souvenait de rien de son passé, avait perdu la mémoire et s’était transformé en une personne complètement différente de celle dont il se souvenait, détestait et admirait en quelque sorte.


Il se faisait appeler Randou et travaillait pour un misérable patron d’une organisation mafieuse locale, une mission bien en deçà de ses capacités. Cette fois, Verlaine n’était resté que quelques jours, au cours desquels il avait pu observer la nouvelle vie de Rimbaud. Une existence sans lui, des guerres ou des complots. Malgré tout, Arthur semblait heureux. Verlaine en vint à penser qu’il valait mieux laisser les choses de cette façon, que le passé ne servirait à rien, qu’il ne ferait que rouvrir de vieilles blessures ou d’anciennes rancœurs.


Puis la nouvelle, comme un coup de tonnerre. Arthur Rimbaud était mort. Verlaine avait mis du temps à traiter cette information, mais l’accepter était tout autre chose. Quelques semaines plus tard, il était retourné dans cette terre si différente de la sienne et avait essayé de reconstituer les faits qui l’avaient privé, cette fois pour toujours, de la seule personne à laquelle il ait jamais tenu.


Il détestait profondément Arthur, mais seulement parce qu’il savait qu’il ne pourrait jamais le comprendre. Il ne supportait pas tant de ses comportements ou le fait qu’il l’ait toujours considéré comme un être humain. Il ne l’était pas. Il était Black No.12,  un être artificiel, une arme, un monstre sans âme. 


Il lit les quelques lignes de ce document avec colère, surtout à la vue de deux noms : Osamu Dazai et Nakahara Chuuya. Arahabaki. Ce garçon était la raison de sa dispute avec Rimbaud. Après huit ans, il avait retrouvé son petit frère, le seul au monde à pouvoir comprendre la solitude provoquée par leur condition. Il posa la main sur la vitre. Il y avait un endroit où il devait aller. Absolument.


Il avait trouvé cet endroit facilement. C’était un petit cimetière occidental non loin de Yokohama. Il y avait une vue magnifique sur la baie et malgré le climat et l’humidité de cette journée, Verlaine l’a trouvé en quelque sorte approprié pour un homme comme Arthur. Il observa la pierre froide où était gravé le nom du compagnon, se remémorant les mots qu’il avait lui-même écrits sur son carnet.


"Bonjour Arthur" furent les premiers mots qu’il lui adressa, observant la pluie sous son parapluie. Il ne donnait aucun signe de vouloir s’arrêter.


"Je suis désolé" ne savait pas quoi dire d’autre. 


"Personne ne m’a jamais compris. Je ne suis pas un être humain. Mon existence n’a pas été bénie par Dieu. Je ne suis pas né de parents mais du néant. Je suis ceci. Tu n’as jamais compris ma solitude et je t’ai détesté pour cela. Mais non parce que tu ne comprenais pas mais parce que tu faisais semblant de le faire. Je vais aller le voir, Nakahara Chuuya. Je sais que tu l’as rencontré. Je suis curieux de savoir qui il est. Je suis sûr qu’il ressent la même chose que moi. Il pourra me comprendre"


Il repense au dernier jour passé ensemble dans la capitale française. La fête d’anniversaire improvisée que son partenaire lui avait offerte avec ce chapeau melon. Quand pendant un moment, il a voulu croire à ces mots, prétendre être un humain. Arthur était heureux ce soir-là, il ne l’avait jamais vu sourire autant. Verlaine aurait fait n’importe quoi pour revoir cette expression sur son visage ou même l’embrasser.


Il répétait sans cesse qu’il s’en fichait, mais la mort de Rimbaud l’avait bouleversé. Il était devenu le Roi des Assassins. Chaque jour, il vivait en contact étroit avec la mort, lui-même en était porteur, ainsi que la destruction provoquée par le monstre en lui. Perdre Arthur pour toujours était cependant une pensée inconcevable que son esprit artificiel semblait refuser de traiter. Il avait lu que le deuil traversait plusieurs phases mais il était certain qu’il ne se remettrait jamais. Rimbaud était son seul point de repère depuis des années. Ils n’étaient pas seulement des partenaires, des collègues, des amis, ils étaient autre chose, quelque chose d’unique, insaisissable et à qui ils n’auraient pas su ou ne pourraient pas donner un nom ou une définition juste.


Verlaine observait ces caractères sculptés sur la pierre froide avant d’étirer une main et de les effleurer pour en tracer les contours. 


"Je suis désolé" aurait répété ces mots indéfiniment, en espérant que partout où se trouvait Arthur, il pourrait les entendre. S’il y avait une vie après la mort, ils ne se seraient pas revus. Il n’avait pas d’âme, il serait resté en dehors de toute grâce divine. Il avait perdu Rimbaud pour toujours.


Il referma le parapluie. La pluie se mêla aux larmes chaudes qui avaient commencé à lui retourner les joues. Les monstres ne pleurent pas, n’aiment pas, n’éprouvent aucune sorte de sentiment. Face à la tombe d’Arthur Rimbaud, Verlaine se rendit à son humanité.


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